Omicron contre inflation

9 décembre 2021

Alors que tous les regards commencent à se tourner vers 2022, le degré d’incertitude est exceptionnellement élevé. En raison du nouveau variant Omicron, bien sûr, mais aussi à cause des pressions inflationnistes croissantes (qui pourraient forcer un resserrement de la politique des banques centrales américaine et européenne) et des élections à venir en Italie, en France et aux États-Unis – sans oublier les tensions géopolitiques (Russie-Ukraine et Chine-Taïwan notamment). Les actions restent, selon nous, la meilleure (voire la seule) option d’investissement mais, compte tenu du grand nombre d’évènements imprévus –« black swan » en anglais –, nous chercherons à renforcer la protection des portefeuilles lors des phases de rebonds.

Que savons-nous d’Omicron ? Les scientifiques ont besoin de quelques semaines supplémentaires pour évaluer pleinement ses caractéristiques mais, pour l’instant, il semblerait qu’il soit moins puissant que le variant Delta mais beaucoup plus contagieux. En tant que telle, selon certains épidémiologistes, il pourrait être considéré comme une « bonne nouvelle », dans la mesure où il pourrait rapidement supplanter le variant Delta (qui met actuellement à rude épreuve les systèmes de santé) et permettre d’atteindre – enfin – une immunité collective.

D’un point de vue économique, l’impact d’Omicron dépendra bien sûr de l’ampleur des restrictions imposées aux voyages et aux activités par les gouvernements du monde entier. Mais là aussi, il peut y avoir un côté positif, dans la mesure où une période de rétablissement des restrictions – c’est-à-dire une croissance économique plus lente – pourrait contribuer à atténuer les pressions inflationnistes actuellement inquiétantes. En leur donnant le caractère « transitoire » sur lequel les banques centrales des pays développés comptaient, avec un certain optimisme selon nous, pour justifier le maintien d’une politique monétaire ultra accommandante.

Reste le risque de déclanchement d’une spirale salaires et prix avant même que les données sur l’inflation n’aient une chance de se calmer. En effet, alors que les prix à la consommation augmentent désormais à un rythme annuel supérieur à 5 % aux États-Unis et en Europe, et que les médias s’inquiètent de l’inflation, on peut raisonnablement se demander jusqu’à quel point les travailleurs seront patients avant de commencer à demander des augmentations de salaire. Nous considérons le secteur public comme le canari dans la mine de charbon sur ce front. Avec les emplois les plus « sûrs » et les syndicats les mieux organisés, les employés de l’État sont en mesure d’être les premiers à bouger – le secteur privé devant ensuite suivre.

Il est donc extrêmement difficile à l’heure actuelle de prédire les décisions que prendront les banques centrales l’année prochaine, ce qui constituera un facteur important de la performance des marchés financiers. Peu de temps après avoir été nommé pour un second mandat à la tête de la Réserve fédérale, Jerome Powell a modifié sa formulation selon laquelle l’inflation n’est que temporaire. Il insiste néanmoins sur le fait que les taux américains ne doivent pas être relevés. Une position qui est évidemment cruciale pour que les gouvernements fortement endettés puissent poursuivre leurs ambitieux programmes de soutien et d’infrastructure, mais qui pourrait devenir intenable en fonction de la trajectoire de l’indice des prix.

Et puis, il y a les inconnues politiques de 2022, que ce soit en Italie en janvier (avec Mario Draghi en lice pour la présidence), en France en avril (où un glissement vers l’extrême droite est une possibilité), ou aux États-Unis en novembre (où le Président Biden risque de perdre le contrôle du Congrès). Quant au paysage géopolitique, les intentions de la Russie à l’égard de l’Ukraine, ainsi que celles de la Chine à l’égard de Taïwan, pourraient également faire de la nouvelle année une année mouvementée.

Où cela nous mène-t-il en tant qu’investisseurs? Eh bien, disons d’abord que nous sommes convaincus que les obligations ne sont pas l’endroit où il faut être. Les taux réels sont (fortement) négatifs, ce qui signifie que les instruments à revenu fixe ne protègent pas contre une perte de pouvoir d’achat due à l’inflation. En outre, si les banques centrales américaine et européenne se voient contraintes de relever leurs taux, les obligations perdront de leur valeur. Nous continuons donc à privilégier les marchés d’actions, malgré des valorisations que l’on ne peut que qualifier de riches. Comme nous l’avons mentionné à plusieurs reprises au cours des derniers mois, nous nous efforçons de limiter le risque lié aux actions par le biais de la diversification et en nous concentrant sur les entreprises qui ont un pouvoir de fixation des prix ou qui sont bien positionnées pour bénéficier de la vague émergente d’investissements liés à la transition énergétique. Enfin, nous pensons que les protections du portefeuille grâce à des instruments dérivés sont justifiées. Selon nous, une partie au moins du risque boursier devrait être couverte.

Nous souhaitons à nos lecteurs de bonnes fêtes de fin d’années.

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